
AUTEUR

Issu d'une famille d'orfèvres-émailleurs, il se
forme trés jeune auprés d'artistes tels que Lépicié,
Casanova. Protégé par Fragonard et Vien, il est
agréé à l'Académie en 1784. Pensionnaire
de l'Académie à Rome il y acquiert une manière
néo-classique (netteté du dessin, pureté
des tons) que sera sienne désormais. Il traverse les aléas
politiques en travaillant pour l'Etat et expose régulièrement
au Salon jusqu'en 1827 : grands tableaux de l'épopée
napoléonienne cotoyent de charmants paysages aux scènes
pittoresques.
A la Restauration, il fuit la France en participant à
une mission artistique qui part au Brésil fonder une
académie des Beaux-Arts. Il y reste de 1816 à
1821 et revient avec des paysages dont les coloris et la lumière
séduisirent ses contemporains. Il meurt en 1830, laissant
une oeuvre très importante , tant par son nombre que
par sa qualité.
DESCRIPTION

Dans
un décor de ville portuaire à l'architecture fortifiée
et sous les yeux d'une foule en émoi, un adolescent dépose
sur la gréve les corps de deux enfants sauvés
de la noyade.
MATIERE

Touche
très lisse, selon la pratique néo-classique, jouant
de la transparence des glacis.
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TRAIT
DE COURAGE
NICOLAS-ANTOINE TAUNAY
Paris 1755-1830
Salon 1802
Huile sur toile / 197x293 / Envoi de l'État 1897 / inv.897.1.2
ANALYSE

Le
peintre nous livre dans un décor irréel une scène
de sauvetage réellement arrivée quelques temps
auparavant. Il s'agit là d'un des premiers tableaux d'actualité
non politique que l'on connaisse. D'où son immense succés
au Salon, où il attira les regards tout autant que les
scénes de batailles qui commençaient à
occuper les cimaises du Salon. Aujoud'hui, ce tableau a gardé
tout son intérêt, non plus par son actualité,
mais par son témoignage d'une époque qui, tout
juste sortie de la Révolution, venait d'apprendre à
lire les gazettes multipliées par la liberté de
la presse, et à se sentir partie prenante de l'Histoire.
COMPOSITION

La scène-clé
est mise en valeur par l'éclairage qui frappe à
gauche les deux corps juvéniles ; puis le regard se perd
dans la gesticulation des personnages - témoins pour s'élever
vers l'ensemble par le truchement de la colonne de fumée
centrale.
COULEURS

Ce
vaste tableau est tout en gris bleutés, réchauffés
par la fumée rouge du calfatage d'un navire, et par les points
colorés des personnages qui animent le premier plan. La
palette des coloris, peu nombreux, est empruntée à
celle des grands classiques du XVIIe siècle : bleu outremer,
rouge éteint et jaune d'ocre. |